Le Bureau des Affaires non résolues – Efface-moi ! par Christophe GUILLAUMOT

édition Rageot – 288 pages

Présentation de l’éditeur :

Toulouse. Au Bureau des Affaires non résolues, Gaspard, 16 ans, propose au capitaine Ruben Arcega de rouvrir un cold case. Au lycée, Garance l’a supplié d’enquêter sur la disparition de sa cousine Candice onze ans plus tôt… A l’époque, un serial killer surnommé l’Effaceur par les médias sévissait. Ses proies : des jeunes filles, qu’il entraînait dans les égouts et séquestrait… Une seule en a réchappé. Grâce à son témoignage, le tueur croupit en prison. Candice serait-elle une de ses victimes, jamais identifiée ? Gaspard et Ruben interrogent le criminel. Il nie toute implication mais se vante d’être entré dans le Panthéon du mal. Peu de temps après, il s’évade. L’Effaceur est-il de retour ?

Mon avis :

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour le confiance.

En commençant à rédiger cet avis, je sais que je risque de me prendre quelques critiques. Je les prévois déjà, je les entends déjà, aussi vais-je faire un peu un jeu de questions/réponses. Ai-je aimé ce livre ? Oui. Je n’ai pas vu passer sa lecture, j’ai même été étonnée de progresser si vite, preuve que la lecture était prenante, que l’intrigue était bien construite et que j’avais envie de suivre les personnages, Gaspard en tout premier lieu. Alors pourquoi ai-je du mal à recommander ce livre ? C’est très simple : ce livre est destiné à des adolescents, non à des adultes, et je me dis que, parfois, la frontière est très mince entre les livres pour ados, et celle pour adulte. Les éditions Rageot laissent « carte blanche » à l’auteur (voir les remerciements). Si le livre avait été « pour adulte », sans doute ne serait-ce pas un narrateur un adolescent aurait été choisi, mais c’est plutôt le point de vue de Ruben, enquêteur placardisé au bureau des affaires non résolues que nous aurions épousé. J’écris ceci parce que j’ai beau fouiller dans ma mémoire, je ne vois pas de polar « adulte » qui ait un adolescent pour enquêteur/narrateur.

Pourquoi dis-je que la frontière est mince ? Parce que ce livre développe de thèmes très violents. Véritablement. L’on me dit alors que les ados « en ont vu d’autres ». Ce n’est peut-être pas la peine d’en ajouter davantage. Et si un ado se retrouve à lire un livre dont il ne supporte pas la violence (j’ai eu des cas, des collègues ont eu des cas), et qu’on le dit à des professionnels du livre, ceux-ci répondent (et j’ai entendu cette réponse-ci plusieurs fois) que nos élèves sont des « chochottes ». Pourtant…. Le tueur, celui qui sera l’un des personnages centraux du récit, est l’Effaceur (c’est ainsi qu’il a été sur9************************8 (Merci Saphira) surnommé) séquestrait, torturait ses victimes avant de les tuer. Ses motivations ne sont pas un mystère, ce qui en est un, c’est le fait qu’une jeune femme a peut-être été sa victime, mais qu’elle ne figure pas sur la liste officielle de celles-ci. A la demande d’une amie de lycée, Gaspard soumet le mystère de la disparition de Candice au capitaine Ruben Acerga – Garance ne comprend pas pourquoi la police ne s’est jamais réellement penchée sur la disparition de sa cousine, concluant à une fugue. Les descriptions des sévices subies ne sont pas édulcorées. C’est brut, précis, brutal, à la limite de l’insoutenable, parce que je me suis toujours dit, en lisant ces descriptions, que c’était possible, crédible. Oui, l’humain peut commettre des actes aussi atroces – et ce n’est que le début de ce que le récit nous réserve. Il faut vraiment, lors de certaines découvertes, être bien accroché et surtout pas émotif.

Là où le récit peut aussi faire mal à de jeunes lecteurs, c’est que nous sommes aussi, dans certains chapitres, face au récit de la violence ordinaire, celle que des parents s’autorisent à commettre sur leurs enfants, celle sur laquelle d’autres adultes choisissent, encore en 2023 de fermer les yeux, même s’ils la voient, quand ils ne choisissent pas d’excuser les parents, tout simplement. Il ne s’agit pas ici de l’enquête proprement dite, mais de ce que Gaspard voit dans sa vie quotidienne de lycéen, pas plus calme ou reposante, finalement, que sa vie d’enquêteur quand on veut bien ouvrir les yeux. La vie privée, familiale, personnelle de Gaspard est tout sauf simple, lui qui essaie de s’en sortir, tout comme sa mère essaie de se maintenir la tête hors de l’eau, de reprendre sa vie en main – combat quotidien, défaite ordinaire face à l’alcoolisme. L’on me répondra que le jeune lecteur peut, dans ces cas-là, se sentir moins seul. Cela peut l’inciter à se confier. Dans certains cas, oui. Est-ce que cela efface ce qui a été subi ? Non.

Plutôt qu’un polar, je dirai même que ce livre est un thriller, tant il peut faire frissonner d’horreur ses lecteurs. Je n’avais pas vu venir certaines péripéties, non parce qu’elles sont incroyables, mais parce qu’elles sont monstrueusement possibles, atrocement crédibles, parce que je me suis vraiment sentie au côté de Gaspard et de Ruben jusqu’au bout. Lecture à réserver à un public qui sait dans quoi il s’engage en ouvrant ce livre.

3e participation – Toulouse et sa région.

9 réflexions sur “Le Bureau des Affaires non résolues – Efface-moi ! par Christophe GUILLAUMOT

  1. Ok, merci de tes précisions ! Tout le monde n’a pas envie d’avoir de la violence dans un livre et certains sont ultra violent, gore, sombre… Pas Agatha Raisin, bien entendu 😆 Ok, je sors…

    On ne peut pas traiter les jeunes de « chochottes », on a le droit de ne pas avoir envie de violences horribles dans sa lecture. Même moi, parfois, je rêve de lire un Tchoupi :p

    • Non, tout le monde n’a pas envie, et là, c’est vraiment le cas. Pardon, mais il y a au moins un Agatha Raisin un peu gore (le tome 25, de mémoire).
      Certains ne se privent pas, et j’ai listé leurs arguments dans ce billet. Puis, non, tous les enfants/adolescents ne sont pas confrontés à la violence, heureusement.

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