En eaux troubles de Mindy Mejia

Merci à netgalley et aux éditions Mazarine pour ce partenariat.

Mon avis : 

Ce livre a une couverture superbe, qui m’a tout de suite donné envie de livre ce livre, le deuxième de l’autrice.

Comme dans son premier roman, nous suivons le destin d’une jeune femme, Maya cette fois-ci, un peu plus âgée qu’Hattie, l’héroïne de Qui je suis ?, premier roman de l’autrice : Maya a 23 ans, Hattie en avait 18. Maya a un métier solide, au service des autres : elle est orthophoniste. Comme dans le précédent roman, l’action se passe dans le Minnesota, un Minnesota âpre, dur, sauvage – les Boundary Waters – pas celui qui pourrait offrir une vie douce et confortable.

Maya se voit confier un nouveau patient, Lucas, par le Dr Mehta, une femme qui a entièrement confiance en elle, et l’on découvrir quels liens les unissent au fur et à mesure de l’intrigue – épilogue y compris. Lucas est un être à part, comme il en existe peu dans la littérature : il a disparu depuis dix ans, et il vient de réapparaître. Attention ! Nous ne sommes pas dans une affaire d’enfants enlevés, dont il faut rechercher l’identité et qui cherche à trouver sa place dans sa famille. Nous sommes face à un enfant qui a disparu avec son père (sa mère est décédée) et qui a vécu/survécu seul, dans la faune sauvage pendant dix ans. Il a été arrêté parce qu’il a tué une femme et qu’au final, l’on ne sait pas trop quoi faire de lui. Victime ? Coupable ? Il est envoyé dans le centre psychiatrique pour détenus de Congdon. Maya devient son orthophoniste, elle doit voir s’il est capable de parler, lui réapprendre à parler, voire le faire parler. Que s’est-il passé pendant ces dix ans ? Et Maya, si jeune (elle n’a que quatre ans d’écart avec son patient), si différente aussi de l’idée que l’on se fait d’une thérapeute, pourquoi est-ce à elle de prendre soin de lui ?

Le roman est en effet construit sur des non-dits. Maya est la narratrice, et nous en savons autant que ce qu’elle sait, c’est à dire, parfois, pas grand chose. Elle même, qui a souffert de l’abandon maternelle (sa mère a quitté la maison quand elle avait dit ans, et a vite cessé de donner des nouvelles), ne parvient pas à nouer des liens avec autrui : ses patients sont sa vie. Son père a beau être présent, lui aussi se fait des reproches – et l’on découvrira beaucoup de choses au fur et à mesure de la lecture, au fur et à mesure de ce que Maya a décidé de livrer non aux lecteurs, mais à Lucas, les différences aussi entre ce qu’elle dit au monde extérieur, sachant très bien ce que celui-ci attend, et ce qu’elle pense, ressent en réalité : la ligne est fragile entre ce que l’on appelle folie et ce qui constitue la raison aux yeux du monde.

Se construire, avec ce que les parents laissent à leurs enfants, ou avec ce qu’ils ne sont pas arrivés à leur donner. Jane Stark avait une passion pour les pierres, pour leur force, elle qui était si fragile, qui ne parvenait à surmonter ses émotions, Joshua, le père de Lucas, ne supportait pas l’enfermement, et avait appris à survivre. Maya et Lucas tachent d’avancer eux aussi. Et si tout était avant tout question de survie ?

 

 

 

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