Mon année cinéma et spectacle : Lakmé de Léo Delibes

Bonjour à tous

Hier soir, je suis allée voir Lakmé de Léo Delibes, diffusée dans ma salle de cinéma préférée (je la fréquente depuis 43 ans), avec Sabine Devieilhe dans le rôle titre, Frédéric Antoun (Gérald), Ambroisine Bré (Mallika), Stéphane Degout (Nilakantha), Elisabeth Boudreault (Ellen), Marielou Jacquard (Rose), Mireille Delunsch (Mistress Bentson), François Rougier (Hadji).

Je connaissais de Lakmé le célèbre air des clochettes que ma mère chantait quand elle était jeune. Pour ma part, même si mes collègues me qualifient de « super soprano », je ne « monte » pas jusqu’à ces hauteurs, je n’ai pas cette agilité. Cet air, et le duo des fleurs (abondamment utilisé pour servir de support à des publicités) sont les deux airs les plus connus de l’oeuvre. Le voici d’ailleurs :

Comme trop souvent, Lakmé montre la défaite des femmes. Déjà, Lakmé était étroitement et sévèrement surveillée par son père, sous couvert de la protéger, mais surtout, pour protéger leur caste et leur religion. Ce n’est que grâce à Malika et à Hadji qu’elle a un peu de liberté, un peu de distraction – un peu de personnalité. L’Inde vient d’être colonisée par les anglais, et c’est peu de dire que la situation est tout sauf apaisée. Nous les voyons, ces anglais, Ellen, la fille du gouverneur, Rose, sa cousine, et Mistress Bentson, leur gouvernante. Ellen et Rose sont des archétypes du personnage de la jeune fille bien née, sûre d’elle, égoïste aussi, et tant pis pour les autres, pour les risques qu’elles font courir aux autres – enfin, surtout Ellen, Rose sait très bien que la guerre est là, que le régiment devra partir. Lakmé, elle, ne pense plus qu’à Gérald une fois qu’elle l’aura vu, lui qui a été condamné à mort par Nilakantha, le père de Lakmé, pour avoir profané un lieu sacré (et vu Lakmé, alors qu’ils ne sont pas de la même religion). L’Opéra, comme beaucoup d’opéra, se termine par la mort de Lakmé. Elle se suicide, comme Norma, Tosca, Lucia de Lamermoor, Madame Butterfly (autre oeuvre inspirée par Pierre Loti) parce que l’homme qu’elle aime préfère sa patrie (et sa fiancée anglaise) à elle et parce qu’elle veut lui sauver la vie – une nouvelle fois. C’est tellement beau de voir une femme s’oublier totalement pour les autres, parce qu’on lui a toujours dit qu’elle devrait s’oublier pour les autres. Pour ceux qui ne l’auraient pas perçu, oui, ma dernière phrase est ironique, mais c’est tout de même ainsi que la femme est perçue dans l’opéra italien et français du XIXe et du début du XXe siècle.

Pour terminer sur une note plus musicale, voici le fameux air des clochettes :

C’est le troisième opéra que je vois cette année, après Carmen de Bizet (au théâtre des arts de Rouen), Cendrillon de Massenet (à l’opéra Bastille).

5 réflexions sur “Mon année cinéma et spectacle : Lakmé de Léo Delibes

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.