La vallée de Bernard Minier

Mon avis : 

Je n’avais pas lu de romans de cet auteur depuis longtemps, très longtemps. Mais lire un de ses romans, c’est un peu comme pratiquer le vélo : on n’oublie pas Martin Servaz, que je suis depuis ces premières aventures – parce que ces enquêtes sont tellement mouvementées qu’elles s’apparentent pour moi davantage à des aventures qu’à des enquêtes de police traditionnelles.

Je dois dire que Martin Servaz n’a pas de chance : où qu’il aille, un tueur en série sévit. Je crois que si j’étais à sa place, je démissionnerais!:m de la police et je me mettrais mmmmmmytttttttt———————— (merci Fidélio pour cette contribution) à faire pousser des salades et des fraises. Sauf qu’alors, je rencontrerai un tueur écolo, jugeant mes méthodes de culture pas assez écolo, qui se mettrait à dézinguer tous les maraichers alentours. Passons.

Le moins que je puisse dire est que la construction de l’intrigue est toujours aussi efficace. J’ai eu envie de savoir qui était responsable de tout ce gâchis humain, qui avait pu se montrer assez sadique pour torturer et tuer ainsi. Le gâchis était des deux côtés, parce que les victimes elles aussi avaient des actes hors normes à se reprocher, actes pour lesquels il aurait été bon qu’ils soient jugés (oui, l’on a encore le droit de croire en la justice).

Glauque ? Oui, aussi, surtout quand les enquêteurs se retrouvent coincés dans la vallée – et bien sûr, ce n’était pas un accident. La révolte gronde très rapidement, comme une épidémie de claustrophobie, comme un sentiment d’injustice aussi, pour savoir qui pourra quitter la vallée et qui ne le pourra pas. Ce polar s’inscrit dans l’air du temps, l’air de notre temps, un temps où, à force de concession, de sacrifices, d’individualisme forcené aussi, l’on n’en vient à ne plus rien supporter du tout. Etre policier, gendarme, maire de sa commune n’est absolument pas un totem d’immunité, ni le gage que l’on sera écouté. Si le complotisme forcené a sa part dans cette défiance, il faut aussi tenir compte de toutes les demi-vérités qui sont communiquées.

Dans ce tome, l’on retrouve aussi, entre autre « vieilles connaissances » Irène Ziegler, gendarme que nous avons rencontrée dans la toute première enquête de Martin Servaz. Sa présence me rappelle une autre constance des livres mettant en scène Martin : c’est fou le nombre de personnes dans son cercle familial ou professionnel qui sont atteintes de maladies rares et/ou mortelles. Parfois, je me dis que cela fait vraiment un peu trop, mais cela n’engage que moi.

Je terminerai par un personnage qui appartient pour moi à un stéréotype du genre policier : la psy encore plus atteinte que ces patients. Qui pouvait-elle bien aider alors qu’elle aurait eu besoin d’aide urgemment ? Pas grand monde.

Ce roman est sorti de ma PAL, c’est déjà ça.

8 réflexions sur “La vallée de Bernard Minier

  1. Merci Sharon pour cette chronique. Dans la série Servaz je n’ai lu que les deux premiers. Mais la lecture du troisième m’avait stoppée dans mon élan. Je ne me souviens plus vraiment pourquoi mais n’y avait-il pas une histoire de toutou tué ? Déjà avec le cheval dans Glacé, j’aime pas les auteurs qui tuent des animaux 😰 (je sais c’est débile …).

  2. J’ai découvert cet auteur l’an dernier avec ce titre. Efficace, oui, et assez addictif pour faire passer ses défauts : « des facilités stylistiques oscillant entre choix de termes inutilement techniques et expressions rebattues, des digressions moralisantes sur les travers de notre époque, et une fin tirée par les cheveux » (je reprends mon billet :)).
    Bonn semaine !

    • Je l’ai lu pour la première fois alors qu’il venait d’écrire le premier tome de la série.
      Je dois dire que les digressions moralisantes (je reprends tes termes) commencent à m’agacer, dans ces livres : pas sûre d’en relire un prochainement.

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