La libraire de la place aux herbes d’Eric de Kermel

Mon avis :

Qui écrira cet avis ? Sharon ? Nina ? Oui, je sais que je suis une seule et même personne, que l’un est mon pseudo, l’autre mon vrai prénom, mais Nina a existé vingt-huit ans avant Sharon, et croyez-moi, du point de vue de la critique littéraire, ce n’est pas ses cinq années d’études de lettres modernes qui lui feront faire dans la dentelle. Je lui laisse donc la parole – ou plutôt, je me laisse la parole, sans censure, et tant pis pour ceux à qui cela déplairait.

Enfin terminé ! Mais ce n’est pas possible ! Pendant 281 pages, j’ai navigué dans la guimauve, les bons sentiments, le développement personnel, la nunucherie la plus totale. Deux pages seulement m’ont plu pleinement dans le livre – deux. Je croyais alors, après avoir péniblement atteint les deux cents pages, voir enfin le bout de ce tunnel littéraire. Que nenni : les partis pris de Nathalie, la donneuse de leçon, les approximations aussi, la niaiserie reprenaient.

Nathalie est ce que l’on aurait appelé avant « une âme bien née ». Professeure de français n’ayant jamais connu de gros problèmes, elle choisit de se reconvertir en libraire. Tout se passe très bien : elle achète, elle rénove, elle remplit de livres la librairie. Pas de mangas, pas de BD, pas de livres jeunesse, pas de fantasy. Non. De la bonne littérature pure et dure. Aussi, finalement, je n’ai pas très bien compris pourquoi elle ne comprenait pas la mère de Chloé, la première cliente dont elle nous parle. Oui, celle-ci veut que sa fille ne lise que des classiques (je me demande même pourquoi ceux-ci ne sont pas déjà dans la bibliothèque familiale) mais Nathalie ne lui propose pas des œuvres sortant véritablement de l’ordinaire. Pas de littérature young adult, pas de fantasy, non, des livres de bon ton, Karen Blixen, Barbara Kingsolver, presque des classiques aussi, finalement.

Bizarrement, tous les livres conseillés ont été aimés. Oui, il est des libraires qui sont doués, je ne dis pas le contraire, je dis que celle-ci l’est presque trop, elle qui ne peut faire un pas sans le conseil, sans l’aval presque, de son compagnon. Oui, ils ne sont pas mariés parce qu’il n’est pas croyant (relisez la phrase plusieurs fois, vous trouverez l’erreur). Lui non plus, mis à part un problème de santé dont il sera vite remis (tant mieux pour lui, dans la vraie vie, c’est bien plus compliqué), n’a pas de problèmes – il est néanmoins aussi moralisateur que Nathalie !

C’est fou, tout de même, le nombre de personnes qui pousse la porte de la librairie, ceux qui très vite, se rendent aux rencontres d’auteurs que Nathalie organise sans le moindre problème (spécial dédicace à tous les libraires qui ont eu un jour des sueurs froides à cause de soucis au cours d’une rencontre, voire même de lecteurs qui ne se déplaçaient pas du tout), ceux qui demandent des livres rares, pointus, quasi inconnus. Toujours des livres de grande qualité. Un seul roman policier. Et pour trouver de la science-fiction, il faut aussi se lever de bon matin (oui, en fait, je n’en ai pas trouvé).

Ma chère Nathalie, oui, vous êtes un personnage de roman, vous êtes un personnage féminin crée par un homme, vous êtes un personnage bobo qui se permet de donner des leçons qui, si l’on me les donnait dans la vraie vie, seraient bien reçues. Vous n’êtes pas médecin, vous n’avez jamais fait de dépression, sinon, vous sauriez que lire un livre ne permet pas de guérir, et que prendre des tranquillisants peut sauver une vie.

PS : je viens de corriger les quelques erreurs d’orthographe que j’avais laissé après l’écriture d’un seul jet de cet avis. Je ne changerai rien de plus. Je précise que j’ai mis trois semaines à lire ce livre, surtout pendant le quart d’heure lecture quotidien. J’ai fait plusieurs pauses dans ma lecture, parce que c’était vraiment nécessaire. Ce fut le seul livre, entamé pendant le quart d’heure lecture, que je n’ai pas été tentée de terminer chez moi, pour lequel je n’ai pas progressé de ci, de là. Un livre que j’ai lu en entier, mais sans aucun plaisir.

10 réflexions sur “La libraire de la place aux herbes d’Eric de Kermel

  1. Merci Nina pour ton avis sincère.
    Nous y revoilà ! Pas de BD, pas de mangas, pas de SF, ni de polars … très bizarre pour une librairie 🤔.
    Et finalement ni le personnage ni l’histoire ne sont intéressants. Bravo d’avoir tenu 281 pages

    • Je t’en prie Céline.
      Oui, très. Enfin, il y a UN polar, qui permet de voyager en Chine grâce à lui – bref, un polar qui n’est pas vu comme un polar. J’ai oublié qu’il n’y avait pas non plus de romances, ni de livres mettant en scène des personnages LGBT.
      A mes yeux, non.
      Merci !

  2. Ouf, juste à lire ton avis sur ce livre et j’en suis à bout de souffle. Le côté feel-good guimauve ne me gêne pas en général, mais le ton moralisateur, c’est autre chose. Il est lu, voilà, tu peux le classer et ne plus y revenir. 😉

    • Le côté feel-good guimauve quand il est totalement assumé, et que l’on est « prévenu » avant de lire ne me gène pas non plus. Mais là, je me demande comment ceux qui ont adoré ce livre ont fait avec cet aspect.
      Je vais le mettre dans une boite à livres (il plaira peut-être à quelqu’un !).

  3. Eh bien, je l’avais repéré, le titre, la couverture (du livre broché) mais finalement jamais emprunté jamais lu, et je vais passer mon tour parce que je ne supporterai pas cette lecture !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.