Retour de flamme de Liam McIlvanney

Présentation de l’éditeur :

Glasgow 1975. L’incendie d’un entrepôt d’alcool clandestin appartenant à la mafia provoque la mort de trois personnes dans un immeuble voisin, et le cadavre d’un vieil homme est trouvé cette même nuit dans un squat à proximité. La police identifie une guerre des gangs. L’inspecteur McCormack qui revient d’un mystérieux exil londonien est chargé de cette enquête dont personne ne veut. McCormack est devenu célèbre pour avoir démasqué la trahison d’un haut gradé, mais ses collègues n’ont pas apprécié. Sur ce, une bombe explose dans un pub irlandais, les clichés habituels ne suffisent plus à expliquer la situation. Dans cette intrigue magistralement structurée, le regard et la connaissance de l’enquêteur des strates de la ville, de la pègre aux notables, mettent en évidence des relations improbables dans une enquête captivante jusqu’au dénouement totalement inattendu. Une ville mythique et une histoire passionnante. Un roman au rythme impeccable salué par Ian Rankin !

Mon avis : 

Merci à Netgalley et aux éditions Métailié pour leur confiance.

Ce roman, j’ai mis du temps à le lire. J’ai regretté de ne pas avoir trouvé le temps de lire le premier tome, qui est pourtant dans ma PAL depuis très longtemps, peut-être parce que j’ai délaissé les polars écossais depuis un ou deux ans. Nous sommes en Ecosse, nous sommes dans les années 70, ces années que l’on dit celle de la libération sexuelle. Cela dépend pour qui, cela dépend pourquoi : l’inspecteur McCormack ne peut vivre son homosexualité au grand jour, et ce n’est pas faute d’être réellement amoureux de Victor, l’homme qu’il a préféré quitter. A Glasgow, rares sont ceux qui l’apprécient. certainement pas Shand, qui devra travailler avec lui, et se fera une joie de l’épier – pas sûre qu’il ait réussi à être discret. Shand est le prototype même du parfait policier tel que l’attendent la plupart de ses supérieurs, totalement misogyne, indifférent au sort des plus faibles, persuadé qu’une pute est une pute, et qu’elle a bien cherché ce qui pourrait lui arriver. Non seulement Shand doit faire équipe avec McCormack, mais aussi avec Lizzie Nicol, une des rares femmes policières, une de celles qui a résisté envers et contre tout non à la rudesse de ce qu’elle voit, mais à ce que ses collègues lui ont fait subir jour après jour, pour lui faire comprendre que sa place était ailleurs. Comme Nicol le dira à Shand : « vous vous entraînez pour être aussi bête ? Ou bien c’est inné ? »

Le premier meurtre aurait dû d’ailleurs passer presque inaperçu. Qu’un clochard meure, même après avoir été torturé, quelle importance ? Il apparaît pourtant très vite que cet homme ne devait pas être un clochard, et quand son identité est enfin connu, toute la donne change. La situation se complexifie encore plus quand un pub, et pas n’importe lequel, explose. Guerre des gangs ? IRA ? Cela simplifierait l’enquête, mais rien, absolument rien ne l’est. La narration elle-même est un tissu complexe, enchevêtrant plusieurs narrateurs, plusieurs temporalités aussi, quand des lettres sont introduites dans le récit. Peu à peu, les liens se feront, les révélations auront lieu, mais par combien d’indices relevés avec soin, d’interrogatoire, de confidence aussi devront passer les enquêteurs pour en arriver à mettre au jour ce qui avait été dissimulé jusqu’à présent ?

McCormack a le courage d’écouter ce que personne n’avait entendu avant lui. Il a aussi le courage de remettre les choses à leur place, c’est à dire de mettre ceux qui sont responsables face à leurs responsabilités, et tant pis si cela ne convient pas à ces personnes. Il n’a pas d’âge pour être lucide, et si McCormack traque inlassablement Maitland, le fils de Maitlant, un tout jeune ado, est tout à fait lucide sur les priorités de son père (ni lui, ni sa mère).

En terminant cet avis, je me rends compte que j’en ai presque oublié de parler du conflit religieux qui, presque cinquante ans plus tard, me paraît presque irréel, conflit entre catholique et protestant qui fait que l’on en vient à détester, voire à torture quelqu’un simplement pour sa religion, alors que, de mon point de vue de catholique plus très pratiquante, ayant des proches protestants, je ne perçois pas vraiment de différences. Cela sert à cela aussi, la littérature, nous rappeler des faits de notre histoire que l’on a un peu oublié de nos jours.

 

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