Archive | 24 janvier 2024

Son nom sur la liste de John Grisham

Présentation de l’éditeur : 

Éreintée par son travail pour le Bureau de l’Inspection Judiciaire, Lacy Stoltz s’apprête à changer de voie lorsqu’elle rencontre une femme mystérieuse. Jeri Crosby se présente sous un faux nom depuis l’assassinat de son père vingt ans plus tôt. L’affaire, jamais élucidée, est désormais classée. Elle pense connaître l’identité du meurtrier, qu’elle traque depuis deux décennies.
Jeri n’a cependant aucune preuve tangible. Le tueur a toujours une longueur d’avance sur la police et n’en est pas, selon elle, à une seule victime. Il connaît l’expertise médico-légale, les procédures de police, la loi. Et pour cause, il est juge en Floride – dans la juridiction de Lacy.
Lacy peut-elle mener l’enquête sans que son nom s’ajoute à la liste ?

Mon avis : 

Je n’ai pas lu de roman de John Grisham depuis longtemps. Très longtemps. Tellement longtemps que je ne me souviens plus à combien de temps cela remonte. Dix ans ? Peut-être. Qu’à cela ne tienne, je me suis plongée dans cette œuvre que j’ai vraiment beaucoup apprécié.

Lacy Stolz a été très marquée par sa précédente affaire au Bureau de l’Inspection Judiciaire, une affaire qui ne s’est pas terminé comme il l’aurait fallu : son collègue, Hugo, est mort, elle-même a été brièvement blessée lors d’un accident de la circulation provoqué par leurs adversaires. A l’approche de la quarantaine, elle se questionne sur son avenir professionnel, dans un bureau qui a de moins en moins de moyen, avec des chefs qui ne font que passer, la dernière en date ne fera certainement pas exception à la règle. Lacy se questionne aussi sur son avenir sentimental, elle est en couple depuis deux ans avec Allie, leur relation est-elle amenée à durer ? Elle ne veut pas d’enfants, elle en est certaine, Allie non plus n’en veut pas, et ce non-désir ne questionne ni l’un ni l’autre.

Bref, tout irait presque pour le mieux dans le meilleur des questionnements quand Lacy est contactée par une mystérieuse femme qui tient à garder l’anonymat. celle-ci souhaite en effet que Lacy enquête sur un juge de Floride, mais pas pour corruption, pour meurtre. Cette femme est en effet certain que le juge a assassiné son père, vingt ans plus tôt, et qu’il est aussi responsable d’une demi-douzaine de meurtres, dans l’ensemble des Etats-Unis. Problème : elle manque de preuves, même si les meurtres ont des points communs certains. Que faire ? Lacy acceptera-t-elle d’enquêter, puis d’engager une procédure contre ce juge ? C’est quasiment une question rhétorique, parce que si Lacy ne tentait rien, il n’y aurait pas de livres !

Nous suivons pas à pas la procédure judiciaire, stricte, et nous suivons aussi Jeri, l’informatrice, et ses tourments. Elle a cherché pendant vingt ans la justice, elle regarde, aussi, ce qu’elle a sacrifié pour mener sa croisade personnelle – sa carrière, qui aurait pu être plus brillante, et sa fille, qui certes, mène de belles études, mais avec laquelle les liens sont plutôt relâchés. Elle se demande aussi quelle sera sa vie maintenant, maintenant qu’elle est allée au bout des choses, mainteant qu’elle a l’espoir que la justice soit rendue.

En effet, le thème central est là, pour moi : la quête de justice. C’est ce qui opposent Jeri et aussi Lacy à l’homme qu’elles cherchent à confondre : ce n’est pas la justice qui l’animait, sauf pour son parcours professionnel, c’est son désir de vengeance. Il a eu tout son temps pour l’accomplir, il a pris tout son temps pour l’accomplir, et cela a rempli sa vie à lui aussi. Comment se terminera l’affrontement ?

Cette intrigue nous permettra aussi de lire de très belles pages, parce que John Grisham est un très bon auteur, parce qu’il sait jouer avec les codes du polar et du thriller juridique, parce qu’il sait, aussi, à quel point il est difficile de coordonner une enquête à travers plusieurs états.

Si vous cherchez un bon polar, avec des personnages humains, très humains (mention spécial pour le frère de Lacy), n’hésitez pas.

Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).