Archive | 20 janvier 2024

La dernière joie du monde par Bernardo Carvalho

éditions Métailié – 128 pages.

Présentation de l’éditeur : 

Son mari la quitte à l’annonce du confinement. À la sortie d’une conférence, elle fait l’amour avec un étudiant inconnu et se retrouve enceinte et heureuse de l’être. L’enfant grandit dans une période où il est devenu difficile d’imaginer le futur. En quête de réponses, elle décide de traverser le pays pour consulter un voyant. Alors commence un voyage initiatique surprenant. Court roman d’apprentissage, ce texte est une charade sur la façon de lire et d’interpréter le monde, sur la différence entre la nature de la mémoire et celle de l’imagination. Un bref récit, d’une intelligence remarquable sur la fragilité humaine devant un monde qui n’offre plus de réponses.

Mon avis : 

Merci aux éditions Métailié et à Netgalley pour ce partenariat.

J’avais vraiment très envie de découvrir ce livre, le titre, le quatrième de couverture, le fait que l’auteur soit brésilien (je lis très peu de littérature brésilienne), tout m’attirait. Seulement, ce n’est pas que je n’ai pas accroché à cette lecture, c’est que je n’ai pas du tout compris où l’auteur voulait en venir.

Il est question de voyage initiatique surprenant. Sans doute l’est-il pour le lecteur, parce qu’il commence assez tard, le fameux voyage, et parce qu’il est traversé de lourdes digressions dont je cherche encore le sens, notamment celle sur le racisme, qui se perd en un long verbiage, auquel le destinataire de ce (presque) monologue ne semble plus prêter attention, tant les circonvolutions du raisonnement sont nombreuses. D’autres personnages se grefferont aux deux personnages principaux, une mère et son fils qui ne parle pas encore, parce qu’il est trop petit, mais auquel sa mère parle, de faits qui ne concernent pas un enfant de cet âge, peut-être même aucun enfant d’ailleurs. A contrario, il est des personnages que l’on perdra en cours de route, comme le mari du personnage principal.

Que le récit comporte des invraisemblances, passons, nous sommes censés être dans une fable, alors qu’une pandémie a paralysé le pays et conduit au confinement. Elle a conduit aussi à des disparitions inexplicables, à des prises de position politiques, à des engagements, voire des entrées en clandestinité. Bon. C’est comme si, parfois, ce livre nous donnait plusieurs versions d’une seule et même histoire, comme si, en refermant le livre, l’on pouvait douter de la temporalité du récit, comme si le récit tout entier n’était que la réécriture d’un autre récit, voire sa création – après tout, quelle version est la bonne ? Peut-on même dire qu’une version est nécessairement bonne ? Je note également l’absence de nom – les personnages sont désignés par leur genre, leur âge, leur lien, mais, tel un conte du temps jadis, ils n’ont pas de nom, ou alors ils n’en ont peut-être plus, la pandémie ayant tout changé. Ou alors, l’on ne pense plus à les demander, les utiliser.

Je m’attarderai aussi sur ce personnage de voyant, qui n’a pas de passé mais est capable de prédire l’avenir. Ses propos sont, au dire de ceux qui le consultent, fort peu compréhensibles, à eux de tâcher de voir clair dans ce qu’il dit. J’ai pensé au mythe de la pythie le concernant – même si ce personnage n’est entouré d’aucun symbole religieux.

Je suis curieuse de savoir ce que d’autres lecteurs ont pensé de cet ouvrage.