Archive | 11 janvier 2024

Callas l’extrême de Madeleine Chapsal

Présentation de l’éditeur :

La Callas. Une femme extrême, au destin paradoxal. Une insoumise à la voix sublime mais fragile à qui son public pardonne tout car elle possède la grâce.
Une épouse modèle qui se lance dans une aventure passionnée, scandaleuse, avec un milliardaire marié, et devient reine de la jet-set.
Une amante trahie, qui en perd son courage, ses cordes vocales et en meurt. Tout pour émouvoir la romancière des sentiments trop forts et des passions fatales, qui nous brosse ici un portrait superbe, intime et attachant de celle que personne, en ces temps d’oubli, n’a chassée de son cœur.

Mon avis :

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge Solidaire, organisé sur Babelio. Je sortirai d’autres livres de ma PAL pour ce challenge, c’est certain, mais j’ai voulu commencer par une autrice que j’apprécie peu. J’ai lu, en 1992, trois romans de cette autrice puis plus rien, ou quasiment. Il faut dire que les années qui suivirent (surtout l’année 94) furent parmi les plus douloureuses de ma vie, l’année 95 marquant par contre ma « remontée », l’année où j’ai revécu. Non, aucun lien de cause à effet mais quand on souffre (physiquement, moralement), on a largement le temps pour gamberger, et pour voir ce qui nous déplait chez une autrice. Ce que je retiens de ces livres-là, c’est une vision très archaïque de l’homosexualité et la manière dont, quel que soit le sujet traité, l’autrice parle avant tout d’elle-même, du bonheur qu’elle a eu de grandir dans une classe supérieure (pour classe, je ne suis pas sûre, pour supérieure, j’en suis certaine), et qu’elle déplore le fait que, s’il existe des manuels pour apprendre à celles qui gravissent l’échelle sociale comment se comporter, il n’en existe pas pour montrer aux « fleurs des pois » comment redescendre les échelons de la société. Les pauvres (bien sûr, l’autrice fait partie de cette élite) sont condamnées à mourir étouffées. Comment ? je l’admets, je l’ai oublié, mais les pauvres jeunes filles ne peuvent survivre étant donné la dureté du monde.

Si vous cherchez à connaître la vie de Marie Callas, passez votre chemin, vous n’apprendrez pas grand chose dans cet ouvrage, si ce n’est ses amours tumultueuses avec Aristote Onassis, la souffrance qu’elle a éprouvée quand il l’a quittée pour Jackie « très maigre », la douleur d’Onassis quand il a perdu son fils (et sur Christina, rien, si ce n’est le yacht). Par contre, vous en saurez énormément sur la vie et les sentiments de l’autrice, qui tombe dans un des travers qu’elle dénonce, à savoir penser à ce qu’aurait été la vie de Callas si…. Si elle était restée avec son mari, qui lui offrait, d’après l’autrice, une vie protégée, lui permettant de se consacrer uniquement à son art ? Si son fils avait vécu ? Si, dans le fond, elle n’avait pas été responsable (!) de la mort de son fils ? Il serait bon de noter que des biographes remettent en cause l’existence de cet enfant, dont la naissance n’a été découverte que 21 ans après la mort de Maria Callas. Certes, un romancier grec s’est emparé de cette histoire et en a fait un roman (Omero, le fils caché de Christos Markogiannakis) mais c’est un roman, justement.

Surtout, le récit tourne en rond, l’on revient sans cesse sur les mêmes faits, sur les mêmes sentiments exprimés par l’autrice – et ses réflexions m’agacent prodigieusement. Elle (l’autrice, pas Maria Callas) a eu la chance de côtoyer des gens supérieurs, grand bien lui fasse, dont Françoise Dolto à qui elle fait allusion quelle que soit l’œuvre qu’elle rédige. Elle a connu des perfectionnistes, on est ravi pour elle – dont son ex-mari, forcément. Elle répète à l’envie qu’une femme, une vraie femme ressent le besoin de prendre un bébé dans ses bras dès qu’elle en voit un, que c’est plus fort qu’elle – le livre date de 2002, il serait bon d’avoir une autre vision de la femme ! Oui, on peut être une femme, et ne pas éprouver de passion dévorante pour les bébés.

L’on en apprend finalement très peu sur Maria Callas, qui avait la chance d’avoir un plus joli nom que Renata Tebaldi (ce qui est très subjectif). J’ajoute (parce que ce n’est pas dans le livre) que le premier grand rôle que Maria a tenu est celui de la Gioconda, en remplacement de la Tebaldi, justement. Elle a travaillé jusqu’à 17 heures par jour, elle a eu une exceptionnelle professeure de chant, elle n’a rien crée, se contentant de reprendre des œuvres – ce qui est le propre des cantatrices, non ?

Bref, je ne m’attendais à rien en lisant un livre de cette autrice, je ne suis donc pas déçue.