Présentation de l’éditeur :
Le niveau de la mer est monté. La Rochelle, régulièrement submergée et sous contrôle de l’armée, s’est vidée de la plupart de ses habitants. Janvier Bonnefoi y vit dans la solitude, remontant en barque les rues noyées et ressassant la dispute qui l’a forcé, un an plus tôt, à quitter la ferme familiale en Lozère. Le jour où la ville est évacuée, Janvier décide de rentrer chez lui.
Merci aux éditions Julliard et à Netgalley pour ce partenariat.
Mon avis :
La première question que je me suis posée en lisant ce roman n’est pas : « où sommes-nous ? » mais « quand sommes-nous ? » Nous sommes en France, oui, l’action débute à La Rochelle, ville qui n’est plus celle que nous connaissons, mais qui a subi de plein fouet le réchauffement climatique, ce fameux réchauffement qui n »existeraient pas, ou que l’on n’aurait pas vu venir. Il est là, et bien là dans ces pages.
Ce que j’ai trouvé le plus troublant dans cette lecture, c’est à quel point tout m’a semblé possible. Les paysages que nous connaissons, dévastés. Le rationnement. Les épidémies (ce n’est pas comme si nous étions en train d’en vivre une). L’armée qui prend le contrôle. L’information, muselée, sous prétexte de ne pas démoraliser les français – qui regardent les informations pour se remonter le moral ? Les liens sociaux, dénoués. Les liens familiaux qui résistent tout juste. Et, encore et encore, la peur de l’autre, du migrant ou du voisin, peur de celui qui pourrait s’en prendre à nous, au peu de biens qui nous restent. Le partage ? Comme au bon vieux temps, ça dépend, ça dépasse, et pourtant, certains sont encore capables de gestes de générosité.
J’ai pensé, aussi, parfois, à l’Odyssée, quand Janvier reprend la route pour rentrer chez lui, fugitif, furtif, découvrant des lieux moins touchés que La Rochelle, des lieux où l’on vit presque comme avant. Presque. Il va s’attacher un temps, à une femme, une terre, un lieu. Comme si l’amitié, l’entraide étaient encore possibles, souhaitables – et j’ai vu les « visites » des militaires comme autant de moyen non de soutenir mais de contrôler la population. Et je ne me sens pas pessimiste en écrivant ces mots.
En filigrane, aussi, des attentats menés par des activistes écologiques voulant faire bouger les choses. Je dis « en filigrane » parce que l’on en saura peu – mais il n’était pas nécessaire non plus de trop en savoir, ni pour moi, de trop en dire. Cependant, tout sonne tellement juste, tellement possible, que j’ai trouvé cette oeuvre presque effrayante. Et si nous, et surtout ceux qui nous gouvernent, nous ouvrions les yeux avant qu’il ne soit trop tard ?