Fais de beaux rêves… de Philip Le Roy

édition Rageot – 448 pages

Présentation de l’éditeur :

Depuis le décès de ses parents, des archéologues excentriques, Joachim vit chez les Russo, une famille d’accueil. Il est en 3e dans la même classe que les jumeaux de la famille. Mais sa seule amie est Wata, une amie imaginaire. Depuis peu, il souffre de visions nocturnes. Cela inquiète ses parents adoptifs et le Dr Korsan, le psychiatre qui le suit. Bientôt les étranges apparitions nocturnes se multiplient, se mettent à parler et deviennent menaçantes. Joachim est-il en train de devenir fou ou y a-t-il vraiment « quelqu’un » qui cherche à communiquer avec lui ? Quand Wata le persuade que les Russo et les séances d’hypnose du Dr Korsan ne sont pas étrangers à ses terreurs nocturnes, Joachim n’a plus d’autre choix que de fuir…

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.

Mon avis : 

Je suis toujours inquiète quand je lis un roman qui sort de l’ordinaire, parce que j’ai peur qu’il ne trouve pas son public. Pourtant, il est bon, pour ne pas dire nécessaire, de faire confiance aux jeunes lecteurs.
Joachim est orphelin. Surtout, il a beau être en troisième, il n’a pour seuls amis que ceux qui sont « dans sa tête ». Jamais ses parents, archéologues un peu excentriques, ne se sont inquiétés de cet état de fait. Il faut dire qu’ils lui ont donné une éducation totalement à contre-courant, loin des écrans (télévision, portable, ordinateur). Aujourd’hui, il est en famille d’accueil, une famille touchée de plein fouet par la crise du Covid-19 (ils sont restaurateurs) et qui essaient de s’occuper de leur mieux de Joachim, qui, pour la première fois de sa vie, voit un psy afin de mettre de l’aider à vivre sans Théo, sans Wata, ces deux amis imaginaires.
Ce sont déjà des thématiques douloureuses, il y en aura d’autres, comme le harcèlement ordinaire. Ces deux mots ne vont pas ensemble, je vous l’accorde, cependant il est des élèves qui sont ostracisés, des élèves qui sont systématiquement ennuyés dans la cour, dans les vestiaires – et ces adolescents, presque des adultes, n’ont pas forcément envie de demander aux adultes de l’aide, adultes qui semblent aussi démunis pour la leur donner hors d’un discours convenu. Laisser passer l’orage, ou l’intensifier en répliquant à son tour. On dira que ce n’est pas forcément recommandé, que la violence n’est pas une réponse à la violence – l’inaction non plus. Parmi les autres sujets sensibles, je citerai le regard qui peut être porté sur le corps des adolescentes, ces fameuses « tenues correctes » qui sont exigés des jeunes filles, alors que le problème n’est pas dans la tenue, il est dans l’oeil de celui qui regarde et qui considère cette tenue comme incorrecte : il est bon de le rappeler. En fait, ce roman rappelle beaucoup de notions intéressantes, m’a fait réagir, souvent, et s’il peut amener les lecteurs à s’interroger, c’est très bien.
Dis ainsi, il semblerait que le roman parle de thèmes importants sans les nouer ensemble. Il n’en est rien. ce n’est pas parce que Joachim est différent des personnages que l’on rencontre habituellement que les dangers qu’il affronte ne sont pas réels. L’intrigue nous conduit à mi-chemin entre l’étrange et le fantastique, l’étrange, parce que certains phénomènes particulièrement inquiétants trouvent une explication, le fantastique, parce que, pour d’autres, ce sera vraiment l’interprétation du lecteur, sa capacité à s’ouvrir à ce qui ne rentre pas dans la norme qui fera toute la différence.

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