Présentation de l’éditeur :
Le río Negro, dont les flots autrefois sauvages inspiraient toutes sortes de légendes, n’est plus à présent que l’ombre de lui-même : ses eaux polluées se contentent de charrier péniblement déchets et cadavres. Un couple d’intellectuels reconnus est pourtant parvenu, durant une vingtaine d’années, à vivre paisiblement aux abords de cette rivière encombrée de secrets. Mais un jour, à vouloir « faire l’éducation » de leur fils, un adolescent aussi apathique qu’introverti, le père de cette petite famille sans histoire découvre que la mort peut surgir de sources étonnamment proches… Les deux hommes se trouvent alors pris dans un engrenage sanglant digne d’un film noir des frères Coen. Macabre et burlesque.
Mon avis :
Tout d’abord, ne confondons pas l’argentin Marianos Quiros et le costaricain Daniel Quiros – je recommande très fortement les ouvrages de ce dernier. Pour Rio Negro, vous pouvez sans problème passer votre chemin.
Je n’ai vraiment pas grand chose à dire sur ce roman, si ce n’est que les promesses de la quatrième de couverture ne sont pas tenues. Et ne venez pas me dire qu’il ne faut pas lire la quatrième de couverture, il faut tout de même savoir de quoi parle le roman.
Le narrateur est un intellectuel totalement imbu de lui-même, qui a des idées très arrêtées sur l’éducation qu’il doit donner à son fils. Problème : le fiston a 18 ans, et à mes yeux, ressemble plus à un mélange d’ado de 14 ans en pleine croissance et de bébé à sa maman, dont la nourriture est le centre de la vie. Le papa a des idées très arrêtés sur ce qu’un garçon de 18 ans devrait avoir, et ce, il le juge à l’aune de sa propre expérience et d’études sociologiques dont je lui laisse l’entière responsabilité. Bilan : il fera n’importe quoi, et son fils Miguel ne pourra pas faire grand chose pour empêcher quelques incidents (allez, ne dévoilons pas tout) : papa a le tact d’un tank lancé à pleine vitesse, et l’hygiène de vie d’un hippie aimant à faire des découvertes. I
Ce qui leur arrive est finalement très classique – du déjà vu, du déjà lu, et bien mieux. Macabre ? Oui. Burlesque ? Pas vraiment. Personne n’est à la hauteur de ce qui se passe, sauf Ida, leur femme de ménage. Je me verrai bien récrire le livre de son point de vue, ou bien imaginer une suite dont elle serait l’héroïne, elle qui a eu tant à faire avec monsieur, son fils, la copine du fils, et le policier venu enquêter. Enfin, policier, il faut le dire vite, il ressemble plus à un policier corrompu qu’autre chose, lui dont la soeur et la fiancée ont de drôles d’activités nocturnes.
Ema, la mère, est elle aussi intéressante, par tout ce qu’elle ne fait pas, ne dit pas. Oui, elle est absente, et c’est d’ailleurs en son absence que le père se permet de faire ce qu’il a fait – d’un côté, il n’y a pas de mal à organiser une petite fête, non ? De l’autre, le but est aussi de la rassurer quand elle appelle – toujours prendre soin de son fils, toujours. Puis, elle est un paradoxe à elle seule, elle qui a vécu le plus grand drame de sa vie au bord du Rio negro, et vit depuis vingt ans sur ses rives.
Parlerai-je aussi, un peu, de la jeunesse ? Cela me permettra d’étoffer cet article ! Entre le fiston, qui a subitement une vocation d’écrivain, que maman encourage, ou d’architecte, ou de je ne sais plus trop quoi encore, tout en passant son temps vautré devant la télévision ou devant son ordinateur, et Mariel, sa « copine » qui fait architecture parce qu’elle a aimé Woody Harrelson dans le rôle d’un professeur d’architecture (je suis bien d’accord avec les personnages, cet acteur n’a pas la carrière qu’il mérite), on ne peut pas dire qu’elle soit dynamique. J’ajoute qu’après ce qui s’est passé dans ce volume, Miguel devrait subir des années de thérapie pour se remettre – voir plus si affinités.
Et je me dis, à nouveau, que ce livre aurait pu être drôle. Et je cherche encore la lecture coup de coeur de ce mois espagnol sud-américain 2020.