De la nature des interactions amoureuses de Karl Iagnemma

Présentation de l’éditeur :

Dans les huit nouvelles réunies ici, mathématiciens et chercheurs tentent de trouver un équilibre satisfaisant entre les élans du cœur et la pensée rationnelle, dans l’espoir de créer des liens humains aussi solides que les équations et les grandes théories qui structurent leur existence.

Merci à Léa du Picabo River Book club et aux éditions Albin Michel pour ce partenariat.

Mon avis :

Comment mêler littérature, amour et sciences ? Vous avez huit nouvelles pour répondre à cette question !
Huit nouvelles, huit variations sur l’amour, les sciences, mais aussi le Michigan, qui me semble un lien entre les textes – plusieurs d’entre eux se situent dans cet Etat, ou nous y renvoient.
Vous l’aurez compris, je peine, et ce depuis que j’ai refermé ce livre depuis huit jours à rédiger mon avis, parce que chaque nouvelle, finalement, peut se lire indépendamment (et de relancer la question : un recueil de nouvelles doit-il vraiment avoir une cohérence ?) et offres des récits vraiment différents. Deux d’entre eux nous plongent dans le passé, celui de la conquête de l’Ouest, avec L’agent des affaires indiennes, celui des « grandes découvertes médicales » avec « le rêve du phrénologue », science alors en vogue, et plus encore avec « Les enfants de la faim ». Dans ce dernier cas, il s’agit plutôt de la face cachée, intime, de la recherche médicale encore balbutiante. J’aurai presque pu dire « quatre » tant La femme du mineur semble se dérouler hors du temps.
Et si j’avais trouvé un nouveau point commun ? La recherche ! Joseph, le héros de la première nouvelle, ne présente-t-il pas son amour pour Alexandra par un diagramme de Venn ? En bonne littéraire, je ne sais même pas ce que c’est !!!! Il poursuit d’ailleurs en imaginant une série d’équation pour se garantir ce que beaucoup cherche, à savoir un amour exclusif. Pas gagné, dans cette université scientifique pas toujours logique – voir le nombre d’étudiants qui se jettent par la fenêtre, sans trop de dégâts souvent. Ou comment l’amour peut pousser un scientifique à faire un peu n’importe quoi pour l’être aimé. Voir, à cet égard, le théorème de Zilkowski. L’amour peut aussi tourner à l’obsession, et tant pis si l’être admiré est, à mes yeux du moins, bien loin du scientifique idéal rêvé par Kaye, la narratrice de Règne, ordre, espèce. Et comme j’aime à rapprocher des textes, elle n’est pas si éloigné de Judith, la narratrice de L’approche confessionnelle. Je ne dis pas cela parce qu’elles sont passionnées par le bois, dans des applications très différentes (la forêt pour l’une, la création de mannequin en bois pour l’autre) mais parce que leurs ambitions personnelles, professionnelle, se trouvent entravées, amoindries par une vie amoureuse chaotique et, aussi, un manque de persévérance (sauf pour ce qui les obsède). J’ai trouvé Freddy, le compagnon de Judith, presque inquiétant dans la difficulté que j’ai eu à le cerner. Est-il seulement un personnage qui veut en faire le moins possible, vivant aux crochets de sa compagne et la forçant à faire des sacrifices financiers, bref, un parasite ? Ou son comportement est-il un rejet de la société de consommation et de ses techniques pour encourager à consommer toujours plus ? Sa volonté de mettre la représentation de son visage sur les mannequins du stand de tir qui leur ont été commandés m’a pour le moins mise mal à l’aise.
Pour conclure, De la nature des interactions amoureuses est un recueil de nouvelles assez déstabilisant.

12 réflexions sur “De la nature des interactions amoureuses de Karl Iagnemma

Répondre à Litterama (Les femmes en littérature) Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.