Edition Fleuve noir – 248 pages.
Présentation de l’éditeur :
Rude journée pour le commissaire Montalbano : d’abord agressé dans sa cuisine par un poulpe haineux, il l’est ensuite dans sa voiture, à coups de clé à molette, par un jeune chauffard. Étrange coïncidence, la compagne de son agresseur est retrouvée assassinée peu après.
Mon avis :
Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux an-ni-ver-saire Salvo ! Joyeux anniversaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaire ! Oui, en cette journée qui commence mal, qui continue mal, et se termine pas très bien, Salvo fête ses 58 ans. Il a tout sauf envie qu’on le lui rappelle, et bien sûr, c’est Livia, sa fiancée de très longue date, qui ouvre le bal, et ne fait que reprendre le cour de leurs incessantes disputes (voir, à ce sujet et au sujet du vieillissement, la courte postface signée Andrea Camilleri).
Tout commençait pourtant par un banal cambriolage, bref, pas de quoi commencer sa journée au commissariat de manière si douloureuse que cela. Si ce n’est que le supermarché cambriolé n’aurait jamais dû l’être – personne ne se frotterait à ses véritables propriétaires – et que le directeur est particulièrement nerveux. Montalbano doit intervenir, lui qui a déjà subi une agression en bonne et due forme le matin même. Il reverra d’ailleurs très vite son agresseur, libéré pour cause de richesse et puissance du papa, et aussi du fait que son agressivité ou sa nervosité (nommez-la comme vous voulez) est son état habituel. Un meurtre a été commis, puis un autre et encore un autre. On se croirait presque au temps où la Mafia passait son temps à régler des comptes, d’un camp à l’autre, si ce n’est que nous sommes au coeur des années Berlusconi. Les années passent, la corruption reste, règne. Enquêter, que l’on soit policier, juge ou journaliste est difficile : une mutation, un mauvais procès est si vite arrivé.
Il est presque nouveau, pour Salvo, de respecter la loi au pied de la lettre, sans presque chercher à accélérer les choses en utilisant des méthodes pas toujours très légales. Ne surtout pas donner de prises à ses adversaires, eux qui ont réussi à mettre le Questeur dans tous ses états – la scène de la dispute avec Montalbano est d’ailleurs fort comique. Oui, Salvo peut compter sur ses hommes, mais il ne veut pas qu’ils prennent trop de risque pour lui. La Justice ? Plus tard, vous repasserez, merci, puisqu’après l’enquête, se tient le procès, et un bon avocat peut démonter bien des témoignages, même un rapport de médecin légiste.
Désespérant, cet opus ? Oui et non. Les victimes n’ont pas vraiment toute l’attention nécessaire. Il faut un coupable, et tant pis si ce n’est pas le coupable – tant pis aussi s’il n’y est pour rien. D’autres préfèrent des méthodes expéditives pour ne pas avoir à répondre de leurs actes. Un peu plus, comme le soulignent les réminiscences de Montalbano, et on se croirait à Chicago, au temps de la prohibition.
Une voix dans l’ombre est comme un opus hors de la chronologie des enquêtes de Montalbano, après le choc de l’oeuvre précédente. Pas une parodie, non, mais un roman dans lequel toute la palette de couleur qui compose l’univers de cette petite ville de Sicile semble réunie dans ses nuances les plus brillantes et dépeigne jusqu’à l’excès tous les conflits que peuvent engendrer la corruption quasiment institutionnalisée.
Oh que je suis contente de lire ton avis sur cette enquête de MON commissario préféré. Je trouve que ce roman est passé un peu au travers des mailles des parutions de ces derniers mois alors qu’il y a toute sa place! Merci Sharon!
Complètement ! Il est sorti avant la fameuse rentrée littéraire de septembre qui monopolise toute l’attention des journalistes, blogeurs, etc, etc… alors qu’il n’y a pas que la rentrée littéraire dans la vie !
Moi aussi j’adore Camilleri! C’est génial!
Oui !
beau billet, le précédent semblait mieux…J’aime beaucoup ce héros de polar.
Merci Guilan.
Le précédent est différent, celui-ci est presque une pause dans l’univers de Montalbano.
Jamais encore découvert ce commissaire, sauf en série, je pense, et encore, quelques minutes durant un zapping (je n’avais pas la zapette).
Il est au programme… mais je suis une prof pitoyable avec mon programme ! 😀
S’il n’en était qu’un à lire, je te conseillerai le voleur de goûter.
On m’en avait parlé…
Il est à la fois drôle et émouvant.
Le pied !
Oui !
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