22 h 00 : Gaël de Nanterry, après avoir réglé quelques problèmes administratifs (et oui, les louveteaux n’ont pas d’heure), s’apprête à profiter de sa soirée en compagnie d’un bon livre. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un compagnon.
23 h 00 : Alma, la professeur fantôme, rentre dans son bureau.
« J’ai frappé mais vous m’avez pas entendu. Je crois qu’il y a un petit problème dans la forêt. Enfin, juste un tout petit. Et pourtant, ce n’est pas la pleine lune. »
23 h 12 : Gaël, dans la forêt, soigne un loup… en mauvaise posture.
« J’en ai vu beaucoup, mais alors beaucoup dans ma carrière, mais vous allez m’expliquer très vite comment vous vous êtes fait cela. Oui, je suis gay, et alors ? Là, je suis surtout lycanthropologue et je puis vous assurer que jamais, au grand jamais, je n’ai eu à soigner une déchirure musculaire de la cuisse parce qu’un loup garou s’est envoyé en l’air dans une posture acrobatique ! Mon langage vous choque ??? C’est la meilleure ! Moi, ce qui me choque, c’est l’étendu de votre déchirure, et je ne vous parle pas de l’état de vos ligaments !
Non, je ne connaissais pas la posture dite de la roche en fusion éruptive, je vous conseille vivement de ne plus recommencer. Et vu votre état, même le yoga le plus simple qui soit vous est fortement déconseillé. »
02 h 00 (oui, soigner un loup garou blessé dans sa chair et dans son orgueil de mâle, c’est long) :
« Non, Nikki, tu ne me déranges pas. Comment vont tes louveteaux ? Ils font presque leur nuit ! C’est une excellente nouvelle. Oui, je comprends que ton fiancé soit un peu nerveux à l’idée qu’ils commencent à crapahuter partout. Oui, je comprends aussi que ton travail ne te manque pas trop : quatre louveteaux, c’est du plein temps !
02 h 50 : nouvelle visite d’Alma.
« Je ne sais pas ce qu’ils ont ce soir, mais je n’ai toujours pas trouvé un coin tranquille pour me promener. Et c’est bien pire que la dernière fois ! »
03 h 10 : Gaël est d’un naturel calme, posé, sensible. Néanmoins, c’était du jamais vu.
« Il est plus de trois heures du matin, la température est de 27 ° et pourtant, vous êtes gelés ! Je peux savoir pourquoi ? Le « Touaille-Lette Moon ? Non, ne m’expliquez pas, j’ai compris : vous vous êtes inspiré d’un roman pour ado – si, si, c’est un roman pour ado – et vous avez passé la nuit avec votre copine et un vampire. Pardon, avec deux vampires. La prochaine fois que vous voulez vous rafraichir, prenez un sorbet de sang, c’est bien meilleur pour votre santé. »
04 h 12 : Gaël a l’impression que la nuit n’en finit plus de lui révéler des surprises. Il retrouve François, le nouveau gestionnaire
– Mon pauvre François, il te faut une radio en urgences, je pressens une fracture du crâne. Oui, je sais que tu as la tête dure, mais je crains d’avoir raison. Comment est-ce arrivé ? Tu as tenté le loup moutonné duveteux ou le saut de la carpe gréco-romaine ? Ah ! Tu as piqué les derniers gâteaux de ta copine en fouillant dans son sac à main. Je comprends. Non, cela ne m’est jamais arrivé, si j’ai faim, je cherche plutôt dans les placards.
4 h 58 : Gaël espérait enfin dormir, quand Valère Sganou, 6e Bleu, fit irruption, encore plus perturbé que d’habitude (autant dire que la barre était placée haute).
« Calme-toi, Valère, calme-toi, et explique-moi lentement ce qui ne va pas. »
– Anatole, mon frère, il a été enlevé ! Je me suis réveillé, il n’était plus dans la chambre. Il avait promis d’aider Mathieu à rédiger une lettre pour sa copine. C’était tellement ennuyeux que je me suis endormi. Il n’est plus là, et Mathieu non plus.
– Mathieu Chépa ? (meilleur ami d’Anatole, et maladroit hors-pair).
– Oui ! J’ai pensé qu’ils étaient allés porter la lettre à Soliflore Du Coussinet Tordu, mais elle m’a assuré qu’elle n’a vu personne. Ils ont quand même pas pu se perdre ! hurla Valère.
Gaël réveilla tous les professeurs valides et se mit à la recherche de ces galvaudeux de batteuse.