Archive | 26 novembre 2013

Chambre 2 de Julie Bonnot.

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Présentation de l’éditeur :

Une maternité. Chaque porte ouvre sur l’expérience singulière d’une femme tout juste accouchée. Sensible, vulnérable, Béatrice, qui travaille là, reçoit de plein fouet ces moments extrêmes.
Les chambres 2 et 4 ou encore 7 et 12 ravivent son passé de danseuse nue sillonnant les routes à la lumière des projecteurs et au son des violons. Ainsi réapparaissent Gabor, Paolo et d’autres encore, compagnons d’une vie à laquelle Béatrice a renoncé pour devenir normale. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter la violence du quotidien de l’hôpital.
Un hommage poignant au corps des femmes, et un regard impitoyable sur ce qu’on lui impose.

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Mon avis :

Je le savais. Je savais que je n’aimerai pas ce livre. J’en étais quasiment certaine. Mais, comme il m’est arrivé de me tromper, je me suis laissée tenter.

Dès le premier chapitre, en fait, j’ai coincé. Je n’aime pas, n’ai jamais aimé ce que j’appelle la « poétisation » de la mort d’un nourrisson. Si, encore, dans la vie, cela peut aider les parents à surmonter cette perte… Mais je ne connais, dans la vie, aucun parent d’un enfant mort-né qui ait pensé ainsi. Et ne venez pas me dire que les romans, ce n’est pas la vie, merci. Pour moi, la vie, avec ses douleurs, sera toujours plus forte que ce qu’un roman peut raconter.

Ce roman montre que tout n’est pas tout rose, dans les maternités. Contrairement à d’autres lectrices qui ont trouvé ce roman sombre, j’ai envie de dire que :
– d’un côté, Béatrice ne se concentre que sur les cas douloureux (et ils sont nombreux).
– de l’autre, elle aurait pu encore aller plus loin dans la noirceur (si, je vous assure, c’était possible, et même facile).

Elles étaient pourtant intéressantes, ces rencontres avec des mères en souffrance. Plutôt que de nous en livrer des scènes, brèves, des résumés, parfois, voir (dans un chapitre) une litanie de situations dramatiques, j’aurai aimé que les rencontres avec ces femmes soient développées, que l’on connaisse davantage leur devenir.

J’aurai aimé aussi qu’une image si négative ne soit pas donné des pères. Certes, ce roman est centré sur les femmes et leur corps souffrant. Mais les pères.. A une exception près (il est beau, il est tatoué), ils sont absents, voire lâches quand ils ne sont pas accusés de vouloir prendre la place de la mère. Et je ne vois pas en quoi un père aimant serait un danger pour l’enfant, pas plus que je ne crois à l’instinct maternel.

En effet, la maternité exaltée est vraiment le fond de ce livre, comme le montre les « conversations » entre la mère et le nouveau-né – il a tant à dire – qui m’a rappelé les théories d’une certaine pédiatre.

Je n’ai garde cependant d’oublier l’héroïne de ce livre, Béatrice, et là encore, plusieurs choses m’ont dérangé. Je n’ai pas aimé ce mélange de point de vue interne et de point de vue omniscient. Le narrateur sait en effet tout sur les parturientes, notamment sur celle qui aimait tant jouer à la poupée étant enfant et se retrouve maintenant désemparée avec son bébé – comme si elle pouvait vraiment tout savoir sur elle. Le parcours personnel et professionnel de Béatrice ne m’a intéressée plus que cela, ses compagnons de route non plus. Il m’a même donné envie de relire Lucia Antonia, funambule  que je pense avoir largement sous-estimé.

Je suis heureuse d’être arrivée au bout de l’écriture de ce billet, et de pouvoir passer à un autre livre.

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